Au commencement, ce qui n'est qu'un dessin se met à vivre. Les volumes surgissent selon des lignes accentuées par le passage des émotions. Sous l'impact imaginaire, la forme se fissure, comme un miroir soumis à une pression excessive. L'objet se mue en une sorte de mosaïque dont je taille chaque abacule dans la matière photographiée. Par ce geste, la photographie devient un matériau à part entière, parfaitement malléable dans l'espace numérique. Fragments disparates, ces clichés entretiennent des correspondances mystérieuses que j'agrège sous les traits d'une figure unique sublimée par la matière recomposée.
Un jour, tout remonte à la surface. L'image se forme et se déforme au gré de courants invisibles. À la fois troublée et troublante, l'onde en trompe l'œil renverse les perspectives. À travers le miroir horizontal, la verticalité devient abyssale. Un seul centimètre d'eau suffit à générer une sensation de vertige. Ces translations physiques et métaphysiques exercent sur l'être et le paraître un pouvoir étonnant. Pris au jeu insaisissable des symétries, mon reflet se glisse entre les lignes d'une figure abstraite et celles d'un poème fragmentaire.
Sur la scène numérique, parmi les empreintes digitales du monde réel, je retrouve la trace de mes émotions enfouies sous la poussière des pixels. Ici, je réinvente les lignes sauvages d’une chorégraphie oubliée dans le déplacement insensé des matériaux. Là, je compose des symétries où les images se chevauchent dans un galop imprévisible d’effets propices à la paréidolie. Dans la danse qui fit ses premiers pas dans la nature, photos et dessins se fertilisent, s'impriment, s'animent. Matériel et Immatériel mêlent leur voix pour mieux se fondre et se confondre. Fruits de cette genèse, les mots adviennent, inhérents à chaque métamorphose. Ce qui n'était qu'une image donne à toucher, ce qui n'était qu'un masque de papier devient une concrétion vivante où le tangible, le virtuel et l'invisible se cristallisent.
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Réalisé par Lydie Le Gal