Femme-sylve
Faute d'espoir, ainsi que Dante l'avait écrit au chant treizième de La Divine Comédie, je fus changée en arbre et condamnée au mutisme pour des siècles et des siècles.
Une de ces interminables nuits où je me pétrifiais, je perçus un souffle invisible parcourir mes racines et mes branches.
L'esprit de la forêt se ravivait en moi.
D'un coup, le vent s'amplifia à faire craquer mes bois. La voûte céleste se déchira brutalement et la nuit infernale céda sous les cris de la tempête.
Les harpies qui nichaient dans mes branchages s'envolèrent par milliers, me délivrant de leurs prophéties et du silence qui m'avait laissée interdite.
Sortie tout droit du cercle de l'enfer, ma chair et mes mots sont faits d'écorces de hêtre, de pin et de platane, éclatées dans l'incendie de la douleur.
Aujourd'hui, que reste-t-il de mon histoire sinon la beauté sylvestre de quelques symétries et la grâce d'un fusain pour signer ce que d'autres auront appelé un mythe ?
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