Récit de la déesse Alhekout
Mes boucles grises se dénouent dans l'or des sables et je déroule inlassablement mon corps d'argile en traversant des siècles d'humanité.
De mes sinuosités sombres naissent les sons et les signes indéchiffrables d'une écriture immémoriale.
Les voyelles originelles s'arrondissent à l'ombre de mes oasis et forment des anses généreuses où les limons s'amoncellent en d'inestimables trésors. Sous le soc des charrues qui creusent la terre au rythme des crues, les consonnes résonnent encore jusque dans mes contreforts.
Je fus le premier sillon ornant l'immensité désertique et je suis la ligne bleue qui s'allonge infiniment au-delà du delta.
Je suis le ciel qui manque à la terre.
Le soir venant, je me couche parmi les sédiments et les roseaux pour que dans la glaise des mots et par le calame qui les retient, se perpétue le mouvement régulier des pleins et des déliés qui fertilise mes rives et mes rêves d'absolu.
Alhekout est mon nom, souvenez-vous en, avant que la sécheresse n'emporte ma voix !
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Réalisé par Lydie Le Gal